Fly n'étais pas très fière, ce
matin, en arrivant à l'herboristerie et le regard qu'Enola lui lança à son
entrée ne l'aida pas.
– Bonjour, dit-elle intimidée.
– Bonjour Aponi. Tourne le
panneau, ferme la porte et suis-moi.
– Vous fermez déjà ?
– Vu votre comportement matinal à
toi et mon petit fils, j'ai tout intérêt à t'apprendre le contrôle de tes
pensées.
– Je suis vraiment navrée... nous
ne...
– Inutile, d'en dire plus. Cesse
de bavarder et fais ce que je te demande s'il te plaît.
– Bien.
La jeune femme verrouillai la
porte, mis le panneau sur la face indiquant la fermeture et suivitEnola à
l’étage.
– Assieds-toi sur le fauteuil.
Aponi obéit et observait la
vieille femme mettre la bouilloire à chauffer. Elle sortit deux tasses et les
déposa sur un plateau. Tout en la suivant du regard, la jeune fille laissa son
esprit vagabonder vers ses souvenirs sans même s'en rendre compte.
– Il suffit Aponi ! J'en ai
bien assez vu.
– Pardon, je...
– Il faut absolument que tu
contrôles tes pensés ma petite où cela va très vite devenir un vrai calvaire
pour moi. Je n'ai nullement envie de voir vos ébats amoureux.
Aponi ne savait plus quoi dire.
Elle aussi aimerait beaucoup être normal, ne pas entrer dans les rêves des
autres et surtout ne pas partager les pensées avec cette vieille femme. Elle
voulait vraiment apprendre à garder son esprit fermer et préserver son jardin
secret. C'est pourquoi lorsque Enola revint et s'installa dans le fauteuil d'en
face, elle lui accorda toute son attention.
– Tiens ma petite, bois ce thé.
– Merci, lança Aponi en prenant
la tasse qu'Enola lui tendait.
Elle inspira profondément le
parfum soutenu du breuvage fumant et chercha à identifier les plantes. Fly
reconnut aussitôt la senteur particulière du jasmin, mais pas les autres.
– Ça sent délicieusement bon
Enola, qu'est-ce qu'il y a dedans ?
– C'est un mélange d'herbe et de
fleurs séchées. Il a pour vertus de détendre, d'apaiser le stress et d'aider au
sommeil. Mon but est de t'aider à te détendre et de t'apprendre à te contrôler.
Installe-toi confortablement, nous allons en avoir pour un bon moment.
Alors qu'Aponi était entre les
mains expertes de sa grand-mère, Lonan était au cabinet vétérinaire. C'était
plutôt calme aujourd'hui et hormis l'opération du petit chien de Madame Carter
et la visite au ranch des Beckers en fin de journée pour la surveillance de
leur jeune jument prête à donner naissance, le jeune garçon n'avait pas grand
chose à faire. Waban lui avait simplement demandé d'aider Elizabeth à faire
l'inventaire des différents produits et aliments pour animaux.
– Lonan ! T'es avec
moi ?
– Hein ?! Oui, pardon. Tu me
parlais Elisabeth ?
– Je te demandais combien il
restait de sac de croquettes pour gros chien.
– Huit sacs pour les plus de
vingt-cinq kilos.
– Merci. Lo ?
– Oui ?
– Quelque chose ne va pas ?
Tu me sembles complètement ailleurs.
– Non non, tout va bien.
La jeune secrétaire du
vétérinaire adressa un grand sourire à Lonan et se remit au travail.
– Elizabeth ?
– Oui ?
– Il t'ait déjà arrivé de tomber
amoureuse de quelqu'un diamétralement opposé à toi ?
– Non. Pourquoi cette question
Lo ?
– Il y a cette fille. Elle
m'obsède comme jamais aucune autre avant. On est vraiment comme les deux pôles
et pourtant je suis attiré par elle comme une abeille à du miel. Dès que je la
vois, plus rien n'a d'importance. Grand-mère dit qu'on est fait pour être
ensemble, mais qu'on doit attendre. Comment patienter alors que je n'ai qu'une
envie, être auprès d'elle ?
– Tu la fréquentes depuis
longtemps ?
– Non. Ça ne fait pas très
longtemps qu'elle est sur l'île.
– Pourquoi ne pas apprendre à la
connaître. Si elle t'attire c'est que vous avez sûrement plus en commun que tu
ne le crois.
Oui, une prophétie, pensa Lonan.
Voilà ce qui gênait le plus le jeune homme. Il se demandait si l'attirance
qu'il ressentait pour son petit papillon était naturelle ou s'il ne la
ressentait que parce que leur histoire était écrite. Ce qu'il avait ressenti
plus tôt ce matin ne pouvait être superficiel. Si sa grand-mère n'avait pas
appelé, lui et Aponi aurait était bien plus loin, peut-être même jusqu'au bout.
Lonan se rappela la douceur de la peau de la jeune femme lorsqu'il avait passé
les mains sous son tee-shirt, le parfum de ses cheveux lorsqu'il avait approché
son visage de son cou pour l'y embrasser, la chaleur de son corps contre le
sien presque nu lorsqu'il l'avait serrée. Mais pourquoi grand-mère a-t-elle
appelé ? ragea-t-il intérieurement. Il ne put s'empêcher d'imaginer que
ses mains lui auraient ôté son haut avant de caresser le moindre centimètre de
sa peau halée et chaude. Ses lèvres auraient goûté les siennes avec avidité
avant de partir explorer le lobe de ses oreilles, son cou, ses...
– Lonan ! On a du boulot.
Veux-tu bien cesser de penser à ta belle jusqu'à notre pause déjeuné ?
– Oui, pardon Elizabeth.
– Aponi, concentre-toi s'il te
plaît !
– J'essaie, j'essaie vraiment.
– Je n'ai même pas besoin
d'essayer d'entrer dans ta tête, tu m'envoies automatiquement les informations.
Essai d'imaginer un mur épais et solide. Il doit être capable d’empêcher tes
pensés de vagabonder et mon esprit d'entrer dans le tien. Commence par édifier
ta forteresse mentale.
– D'accord.
Aponi ferma les paupières et se
concentra. Elle devait y arriver. Elle vit dans son esprit des briques
s'empiler les unes sur les autres, la construction ne lui sembla pas très
stable, mais prenait de la hauteur. Elle espérait que cela suffirait à retenir
sa vie privée dans sa tête. Quand elle ouvrit les yeux, Enola affichait un
sourire.
– Il y a du mieux...j'ai perçu
bien moins d'images que d'habitude. Réessaie et tente un édifice plus solide.
Il doit être imperméable et empêcher toute évasion de tes pensés.
Aponi lui sourit et se concentra
à nouveau. Elle répéta l'opération aussi souvent qu'il fut nécessaire. C'est
finalement la sonnerie du portable de la jeune fille qui mit fin à la séance
d’entraînement.
– Allo...
– Aponi, c'est Lo. Je ne te
dérange pas ?
– Je suis en train de m'exercer
avec ta grand-mère. Que voulais-tu ?
– Juste t'inviter à déjeuner, ça
te dit.
– Ferme ton esprit Aponi, la
réprimanda Enola.
La jeune fille adressa un sourire
légèrement crispé à la vieille femme avant de reprendre sa conversation
téléphonique.
– Je ne sais pas trop.
– Passe-moi grand-mère s'il te
plaît.
– Lonan veut vous parler, lança
Fly en passant son portable à Enola.
Quand Aponi reprit le téléphone,
Lo l'informa qu'il venait la chercher pour une pause déjeuné bien méritée. Comme
il lui avait dit, Lonan arriva quinze minutes plus tard.
– Je ne veux rien savoir de cette
pause, lança Enola avant que les deux jeune gens ne quittent la boutique.
Aponi, je compte sur toi pour revenir l'esprit clos. Amusez-vous bien, à tout à
l'heure.
– À plus grand-mère.
– À plus tard Enola.
Lonan hésita un instant en se
demandant comment Aponi réagirait s'il lui prenait la main et puis se lança
finalement car il en avait envie. Il entrelaça ses doigts à ceux de la jeune
fille qui se laissa faire. Un doux courant électrique les traversa l'un comme
l'autre. La prophétie était lancée et elle s'accomplirait, mais à quel
prix ?
Lo entraîna son joli papillon vers le seul restaurant de
l'île. Une fois sur place, ils prirent une table et attendirent qu'on vienne
prendre leur commande. Manque de chance, c'est Taïma qui vint s'occuper d'eux. Aponi
sentit que le déjeuner n'allait pas vraiment se dérouler comme elle pensait.
– Bienvenue au Grizzli, qu'est-ce
que je peux... vous servir ? termina la jeune serveuse d'une voix beaucoup
moins enthousiaste, en levant la tête de son calepin.
– Salut Taï, c'est quoi le plat
du jour ?
– Entrecôte, frite, répondit-elle
platement.
– Je vais prendre ça. Tu prends
quoi Aponi ?
– Je ne sais pas trop... je vais
prendre le saumon et riz sauvage.
– Super... et vous
boirez... ?
– Un soda pour moi Taï.
– Un deuxième s'il te plaît.
– Ça ne me plaît pas mais...
Aponi n'entendit pas la fin de la
phrase de Taïma qui était déjà partie en direction de la cuisine.
– Elle ne m'aime pas beaucoup.
– Ce n'est pas vraiment après toi
qu'elle en a. Taïma...
– ...est amoureuse de toi. Je
m'en suis aperçue et puis j'ai... j'ai échoué dans un rêve où vous étiez tout
les deux.
– Tu sais donc que tout est de ma
faute.
– Ne parlons pas d'elle. J'ai eu
une matinée fatigante et je voudrais me détendre.
Aponi et Lonan étaient
tranquillement en train de parler de leur matinée lorsque Taïma revint avec
leurs deux assiettes. Elle déposa celle du jeune homme devant lui avec un grand
sourire et en prenant soin de lui offrir une magnifique vue sur son décolleté
puis renversa volontairement son assiette sur Fly.
La jeune femme furieuse se leva en râlant après la serveuse
volontairement maladroite. Le patron, alerté par les cris, s'interposa en
présentant ses excuses pour l’incompétence de son employée. Il offrit le
déjeuner aux deux jeunes gens et assura à Aponi que cela ne se reproduirait
plus, que Taïma serait renvoyée.
Lonan et Aponi reprirent place et une autre assiette fut
servie à la jeune femme. Le jeune homme fit tout ce qu'il put pour apaiser son
amie qui avait beaucoup de mal à se calmer. À la fin du repas, il lui proposa
de la ramener en voiture chez elle pour qu'elle se change. Fly accepta, mais
voulut parler au patron avant de partir. Elle ne voulait pas que Taïma soit
virée pour ce qui venait de se passer.
– Je t'attends là, lança Lonan
une fois qu'il fut garé devant la maison où vivait Aponi.
– Tu ne veux pas prendre un
café ?
– Puisque tu proposes... Merci.
Fly ouvrit la porte et invita Lo
à entrer. Elle se dirigea ensuite vers la salle de bain sous le regard de son
ami qui resta dans le salon. Elle n'avait pas refermé la porte derrière elle et
Lonan entendit donc l'eau de la douche couler. Il eut d'ailleurs beaucoup de
mal à ne pas la rejoindre.
Lorsqu'Aponi revint, elle s'était changée et portait une
petite jupe en jeans avec un top blanc. La jeune femme alla ensuite préparer
deux cafés et les servit sur la table basse, accompagnés d'une boîte de
cookies.
– Tu sais que tu es à tomber dans
cette tenue ?
– Merci. Tiens.
Fly lui tendit son café et prit
un biscuit pour elle.
– Tu as encore faim ?
– Non, mais j'adore manger l'un
de ces gâteaux avec mon café. C'est plus par habitude qu'autre chose.
– Tu me fais goûter ?
demanda Lonan avec une idée derrière la tête.
– Tiens dit-elle en lui attrapant
un gâteau.
– Non je vais plutôt goûter avec
ce petit bout que tu as là, juste au coin de la bouche.
Avant même qu'Aponi n’ait le
temps de dire quoi que ce soit, Lo s'approcha, attrapa le petit morceau de
biscuit du bout de sa langue et l'embrassa.
Depuis leur premier baiser, il avait conscience que la jeune
femme occupait de plus en plus de place dans son esprit et qu'il la désirait
ardemment.
– Parviens-tu as bloqué tes
pensés à présent ? demanda Lonan après avoir interrompu leur baiser.
– Plus ou moins, pourquoi ?
– Parce que je m'apprête à faire
quelque chose que grand-mère ne préférerait pas voir.
– Du genre ? le questionna
la jeune femme taquine.
– Du genre ça !
Lonan fit passer ses mains sous
le top de Fly et remonta le long de ses cotes en entraînant le tissu avec lui
jusqu'à lui ôter totalement. Fly bloqua aussitôt sa respiration et érigea au
mieux un mur dans son esprit afin qu'Enola n'accède pas à ce qui allait suivre.
Elle ne pouvait plus résister à Lo mais elle aurait bien trop honte si la
vielle femme assistait malgré elle à leurs ébats. Quand elle eut suffisamment
confiance en la protection de son esprit, elle ouvrit les yeux, reprit sa
respiration et embrassa avec avidité celui qu'elle désirait tant.
L'un comme l'autre craignait que le téléphone ne sonne et
qu'Enola ne les interrompe à nouveau mais il ne se passa rien. Les deux amants
se détendirent et se laissèrent aller à leurs sentiments.
Aponi ôta le tee-shirt de Lonan et admira avec envie son
torse aux muscles si bien dessinés. Ses mains effleurèrent sa peau. Les lèvres
du garçon goutèrent le cou de Fly, lui tirant un doux soupire.
– Tu crois vraiment que...
Lucie, qui parlait à Ian, s'interrompit en voyant Lonan et
sa copine enlacés et s'embrassant goulûment. Elle se gratta bruyamment la gorge
afin de faire savoir qu'elle était là avant que le couple n'aille trop loin,
mais aucun d'eux ne la capta. Ian qui se tenait près d'elle se retenait de rire
devant l'échec de la jeune femme.
– Lo ! Y a des chambres pour
ça ! s'écria le garçon.
Fly se redressa d'un seul bon et
ouvrit de grands yeux en voyant sa meilleure amie et son copain les regarder.
Elle attrapa le tee-shirt de Lo sans faire attention et le passa pour se cacher
du regard des intrus.
– Navrée de vous déranger... vous
devriez monter continuer ce que vous faisiez.
– Salut Lucie ! lança Lonan
légèrement contrarié d'avoir une fois de plus été interrompu.
– Salut Lo. Ça va ?
– Ça allait mieux y a deux
minutes, mais oui ça va super, ajouta-t-il en souriant.
Aponi n'avait toujours pas ouvert
la bouche, honteuse d'avoir été vu à moitié nue. Elle se leva, alla déposer
leurs tasses et les gâteaux dans la cuisine en lançant un vague
« salut » aux deux arrivants.
– Je dois vous laisser, Enola va
se demander se que je fais.
– Je t'accompagne, lui affirma
Lonan.
– Et vous comptez y aller dans
cette tenue tous les deux ? les interrogea Lucie en constatant que son
amie portait le tee-shirt de leur ami qui lui, ne portait plus qu'un pantalon.
Le jeune couple s'observa.
– Il te va bien, mais je pense
que je vais en avoir besoin, plaisanta Lo.
Fly fila récupérer son haut sur
le canapé et se changer dans la salle de bain. Lonan passa son tee-shirt et
l'accompagna comme promis au centre ville. Il l'embrassa une dernière fois et
la laissa sortir de la voiture.
– Aponi !
– Oui ?
– On dit 20h chez moi ?
– Tu fais le dîner ?
– T'apporte le dessert ?
– Ok.
haaa j'adore, j'adore, j'adore! hate de lire la suite!!!
RépondreSupprimerSia j'adore ton imagination et tu es une vraie diablesse pauvre Lonan ça doit être douloureux à la fin mouahahahah
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