Dès
qu’Enola fut dans la pièce attenante, Lonan poussa fièrement Fly contre le mur
et s’approcha sensuellement de son oreille. La jeune femme se laissa faire tout
en déglutissant péniblement avant de sentir le corps de son soupirant trop près,
bien trop près ! Elle était
encerclée par les bras musclés de l’effronté.
– Mon
Petit Papillon, ça te tente qu’on mette à l’épreuve les « flammes de notre
Amour » ? susurra-t-il d’une voix mielleuse masquant un sarcasme
délibéré. J’ai bien envie de tester cette…
Avant même que
Fly, outrée par cet affront, n’ait le temps de répliquer, une voix contrariée
se fit entendre :
– LONAN,
sors de mon magasin TOUT DE SUITE ! (Le jeune homme se recula brusquement
et Fly respira à nouveau.) Tant qu’Aponi ne maîtrisera pas ses dons, je
t’interdis de la toucher. J’ai eu ma dose de visions salaces, je te rappelle
que je suis un de tes derniers parents, alors cesse immédiatement de…
– Mais c’était pour rigoler grand-mère,
l’interrompit son petit-fils embarrassé qu’elle ait perçu ses paroles
défiantes.
Mais
comment fait-elle pour surprendre le moindre de nos faits et gestes ?
Enola se montra
dans l’embrasure de la porte.
– Est-ce que j’ai l’air de rire moi, LONAN ?
s’agaça la vieille femme qui avait les deux mains fermement posées sur ses
hanches.
– Bon, je ferai mieux d’y aller moi !
lança-t-il ébranlé.
– Oui, je crois bien ! l’encouragea
Enola furieuse.
Lonan salua courtoisement sa grand-mère, lui
offrant un sourire repentant. Celle-ci ne pouvant rester fâcher après son
enfant chéri, lui retourna son amabilité tout en hochant la tête et en grimaçant.
Désormais dos à Enola, le jeune homme toisa Fly et des bouts des lèvres
mima : « Je n’en ai pas fini avec toi. » Il lui fit un clin
d’œil équivoque tandis qu’elle fronça les sourcils de dépit. Et il sortit sans
aucun autre artifice.
Fly encore déroutée par les dernières longues minutes qui
s’étaient égrainées, regardait Lonan s’éloigner sans bouger d’un iota. De
nombreuses pensées contradictoires se précipitaient dans son esprit torturé.
Celles-ci se télescopaient et seul l’ordre d’Enola y mit soudainement fin.
– Suffit Aponi ! gronda la vieille
femme.
– Je vous demande pardon Madame ?
– Euh… tu comptes me servir du
« Madame » pendant longtemps alors que je partage tes pensées les
plus intimes PETIT PAPILLON ? demanda-t-elle d’une moue mutine en la
charriant. (Les joues de Fly s’embrasèrent alors que des visions du petit-fils
nu de son interlocutrice s’imposèrent à elle sans même qu’elle ne puisse les
contrôler.) Mais vous êtes autant l’un que l’autre irrécupérables, ma
parole ! pesta Enola qui assistait en direct à ce défilé d’images
censurées. Bref, avant que tu ne t’égares une fois de plus mentalement dans
les… bras, je préférerais dire dans les yeux, mais bon à ce stade, nous n’en
sommes plus là ! Je disais donc avant que tu ne t’égares dans les bras
aussi bien dans la réalité que dans tes pensées COQUINES, insista-t-elle tout
en lui souriant de manière taquine, qu’il faut absolument que tu arrêtes de
t’en vouloir Fly !
Cette dernière la considéra d’un air totalement contrit et peina
à articuler :
– De quoi… de quoi parlez-vous… exactement
Mad… Enola ?
– Voilà qui est mieux Petit Papillon !
affirma la vieille femme dont les anciennes traces de colère avaient totalement
disparu de son visage. Ah sacré Lonan, il a toujours aimé jouer avec les
mots !!! Je voudrais que tu cesses de t’en vouloir d’en vouloir… à mon
petit-fils ! plaisanta-t-elle. Et dans tous les sens… si tu vois ce que je
veux dire. Je sais bien que…
– Pardon ? la coupa sèchement Fly qui
était de plus en plus mal à l’aise et déconcertée face à la teneur de cette
discussion ahurissante.
– Disons que je sais bien à quel point mon
petit-fils est attirant, aucune demoiselle de cette petite ville ne me
contredira, ni d’ailleurs je pense !!! Donc, je comprends ton attrait mon
enfant, mais…
– NON !!! Vous n’y êtes pas du tout,
s’écria la jeune femme. Votre petit-fils ne m’attire PAS DU TOUT !!! brama-t-elle.
Il est si… arrogant… si pénible… si sûr de lui… si agaçant… si contrar…
– Je te laisse continuer ? intervint
Enola. Parce que tu as l’air bien parti pour me tenir le discours d’une pauvre femme
éprise qui refuse de l’admettre et qui se décrit elle-même !!! Et comme je
t’apprécie ma petite, je ne vais pas te laisser te ridiculiser de la
sorte ! railla-t-elle.
Eh bé,
si on m’avait dit qu’il existait des personnes âgées avec un tel sens de
l’humour, je ne l’aurais pas cru ! songea Fly complètement atterrée
par ces propos.
– Mais vous n’y êtes pas du tout, VOTRE
PETIT-FILS, aussi beau et charmant puisse-t-il être, M’INSUPPORTE !!!
hurla-t-elle alors qu’elle avait seulement soufflé le compliment physique. Et…
sans vouloir vous offenser bien sûr !
– Bien sûr ma chérie ! rit la vieille
femme. Tu ne crois pas que tu en fais un peu trop pour une femme désintéressée
par un homme si VIL ?! Bref, je vais arrêter de te chiner avec tes
sentiments car je voudrais te…
– Mes sentiments, éclata de rire Fly. Vous
exagérez Enola, nous n’en sommes pas au mariage non plus !
Le regard de la vieille femme s’assombrit et
elle murmura :
– Rassure-moi Aponi chérie, personne ne t’a
encore parlé de la Prophétie ?
– Quelle Prophétie ?
– Celle qui pèse sur les épaules de notre
peuple entier !
– Notre peupl… mais moi je ne suis pas…,
bredouilla-t-elle avant de se reprendre. « Notre peuple » comme vous
dites, pourquoi est-il en danger ? interrogea-t-elle la vieille femme
avant d’enchaîner un questionnement interminable, sans attendre aucune réponse.
Et puis bon sang, comment je fais pour pénétrer dans les rêves de votre
petit-fils ARROGANT ? Pourquoi ne puis-je PAS m’empêcher de me rapprocher
de lui alors qu’il représente tout ce que je déteste ? Pourquoi me fait-il
cet effet alors que je n’ai pas pour habitude de me laisser séduire si
facilement ? Pourquoi Amarok m’a regardée comme s’il me connaissait depuis
toujours ? Pourquoi ai-je senti un lien presque aussi fort avec lui que je
n’ai avec Lonan ? s’emporta-t-elle avant de marquer un temps d’arrêt.
Enfin, ce n’est pas ce que je voulais dire ! Je n’ai AUCUN lien avec votre
descendant ! Et ce prénom « Aponi » pourquoi me fait-il
ressentir des sensations étranges à chaque fois que vous le prononcez ?
Pour finir, pourquoi Taima me hait-elle autant alors que je sens une connexion
spéciale entre nous ? POURQUOI ou COMMENT, je ne sais pas quelle est la
meilleure question… Pourquoi je me sens liée à tous ces jeunes ainsi qu’à vous
Enola alors que je suis arrivée il y a seulement trois jours ?! ET comment
ça se fait ? protesta la jeune femme dont les grands yeux laissèrent
échapper d’épaisses larmes.
– As-tu terminé ma chérie, ma chère
Aponi ? la questionna Enola d’une voix bienveillante et d’un regard extrêmement
puissant tout en se rapprochant d’elle pour la prendre dans ses bras.
L’appellation « Aponi » résonna
dans les oreilles de la jeune fille et elle fut mentalement transportée au
milieu d’un feu de camps nocturne, également éclairé par une lune pleine
rayonnant d’un éclat doré.
Toutes les personnes que Fly avait croisées depuis son arrivée
sur cette île extraordinaire étaient installées autour de cet ardent brasier.
Bien que tous ses pairs devaient avoir une dizaine d’années en moins, elle les
reconnut sans difficulté. Elle ressentit aussitôt un sentiment d’appartenance à
ce groupe. Elle était extérieure à la scène et aucune âme ne sembla la
remarquer malgré ses mouvements. Elle se déplaça alors pour mieux observer ce
qui était en train d’avoir lieu.
Plusieurs indiens d’un âge avancé dont Enola, se tenaient
debout face à cette assemblée et le plus ancien captivait son auditoire par ses
paroles tenues dans une langue qui était inconnue à la jeune femme. Et
pourtant, Fly comprenait parfaitement ce que proférait SON aïeul. Elle ne
l’avait jamais rencontré et malgré tout, elle sut que c’était son grand-père
paternel. Cet homme dont elle connaissait également la désignation – « Hiamovi »
– était en train de raconter l’histoire de sa petite-fille « Aponi ».
Celle-ci avait péri dix ans auparavant en même temps que ses grands-parents
maternels dans un incendie. Toutefois, celle-ci reviendrait d’entre les morts
puisque les Divinités avaient choisi de jouer ce tour à ce peuple, pour les
sauver de la malédiction qui pesait sur la tribu et qui se révélerait à l’aube
de l’hiver 2012…
La jeune femme fut brutalement arrachée à cette
vision par Enola qui l’interpellait.
– Aponi… Aponi… Apponi !!! s’égosilla la
vieille dame. (Fly ouvrit les yeux et arrima ses prunelles remplies
d’interrogations à celles de son interlocutrice, néanmoins ne pipa mot !)
Tu n’es pas censée apprendre la Prophétie de cette manière ma chérie. Nous
devons y aller en douceur. Tu risquerais de ne pas le supporter. Tu as déjà été
assez secouée depuis trois jours. Viens ! la somma-t-elle tout en la
prenant délicatement par le bras et la dirigeant vers l’arrière-boutique. (Fly
totalement désemparée et abasourdie, se laissa conduire sans même contester.) Je
vais te préparer une tasse de thé mon Aponi et t’expliquer ce que tu as entraperçu…
hiiiii ENCORE <3
RépondreSupprimerhaaaaa j'adore! comme d h'abitude!!!! :D
RépondreSupprimersuper chapitre ma belle, bravo :)
RépondreSupprimer