Extrait 7 - écrit par Sandy

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Fly préféra s’éloigner du trio qui se disputait depuis une dizaine de minutes. Évidemment, elle aurait pu y participer puisque l’idée d’une fête ici, lui était tout aussi insupportable que la présence de Taïma, mais ce n’était pas à elle de s’énerver. Après tout, elle était ici chez Lucy et depuis l’arrivée de cette dernière, elle se sentait un peu comme une intruse dans ce nouvel environnement. Elle s’arrêta devant la haute fenêtre du salon et regarda la nature se déchaîner. Les bourrasques de vent envoyaient la pluie, tels des jets d’eau, fouetter la devanture de la maison, on n’y voyait plus à moins de deux mètres. Elle frissonna en pensant que certaines personnes se déplaceraient pour tenter d’accéder à la fête. Devant ce spectacle inédit pour elle, elle devint peu à peu complètement hermétique à ce qui se passait autour d’elle et se réfugia dans son monde tout en se demandant de quoi Dame Nature voulait-elle bien se venger ?

Un peu plus loin, Lonan continuait de s’insurger contre Taïma pour son comportement totalement irresponsable. Lucy et Ian les avaient rejoints quelques minutes auparavant, Lucy était hors d’elle aussi. Ils ne comprenaient pas son besoin de toujours vouloir se faire remarquer, elle avait beau avoir vingt ans, elle finissait toujours par agir comme une gamine de quinze ans, ça en devenait vraiment épuisant. D’un geste de la main, Lonan finit par l’envoyer au diable et alla s’installer dans le canapé. Il chercha Fly du regard, cette dernière était perdue dans ses pensées et regardait par la fenêtre. Il se sentait si proche et pourtant si éloigné d’elle. Il ne comprenait pas cette attirance qu’il avait pour elle, cependant il ne pouvait plus la nier surtout depuis le moment qu’ils avaient partagé avant que la bande ne débarque. Malgré tout, il savait que cela ne marcherait jamais, il ne devait être pour elle qu’un confident, un ami et au pire celui qui la protégerait de cette épée de Damoclès qui pesait au-dessus de leurs têtes et prendrait la vie de l’un d’entre eux. Cette histoire, il l’avait entendu une bonne centaine de fois de la bouche de sa grand-mère et bien qu’à l’époque, ce n’était pour lui qu’une histoire rocambolesque, il avait espéré que tout s’était terminé avec l’incendie qui avait ravi le petit papillon et ses grands-parents. Du moins, c’est ce qu’il avait toujours cru, jusqu’à ce que Fly devienne Aponi dans la bouche de sa grand-mère. Il en voulait énormément à la vieille dame de lui avoir caché la vérité mais la joie de la voir en vie, l’emportait haut la main. Il se rembrunit à cette pensée, il ne devait pas oublier la prophétie qui s’était enclenchée quand Aponi s’était servie de son pouvoir de rêveuse. Il allait vraiment falloir lui parler et la préparer contre le Voleur de Songes sinon le pire arriverait et son peuple disparaîtrait.

Un silence de plomb s’installa dans le salon, Taïma ressassait sa colère de s’être faite humiliée ainsi par ses soi-disant amis. Ok, ce n’était pas l’idée du siècle mais de là à se faire pourrir comme pas deux, elle ne le digérait pas. Elle ne put s’empêcher de tout remettre sur le dos de Fly car pour elle tout avait changé depuis son arrivée mais il était hors de question qu’elle se mette elle aussi aux pieds de cette étrangère, qu’elle puisse sauver son peuple ou non. De plus, elle avait gâché sa fête car si Lonan n’avait pas été bloqué ici, elle n’aurait jamais fait le coup de la panne et serait actuellement en train de faire la fête avec des personnes qui l’appréciaient eux au moins ! Elle regarda sa montre et souffla, il était seulement 20h30 et personne ne viendrait puisque Lucy lui avait fait annulé la fête. Un coup d’œil vers la fenêtre lui indiqua que la tempête avait redoublé et qu’il lui était désormais impossible de rentrer l’obligeant à dormir sur place ce qui la contraria encore plus. Après réflexion, un lent sourire fit surface, car après tout, elle ne serait pas la seule à devoir dormir ici, Lonan aussi ne pourrait pas quitter la maison. Bien décidée à enfin avoir ce qu’elle désirait depuis plusieurs années, Taïma se donna un nouvel objectif, séduire Lonan mais pas avant d’avoir jeté Fly dans les bras d’Amarok, qui d’après ce qu’elle avait remarqué n’était pas indifférent au charme, inexistant pour elle, de l’étrangère. Ainsi Lonan serait obligé de se détourner d’elle, et qui serait là pour le réconforter ? Elle bien sûr… Et pour arriver à ses fins, rien de tels qu’une bonne dose d’hypocrisie !

– Je suis désolée.

Fly sursauta et se retourna vivement au son de la voix de Taïma, étonnée d’entendre de tels mots dans la bouche de cette vipère.

– Désolée de quoi ? De m’agresser verbalement chaque fois que tu me parles ? Des œillades assassines quand tu me regardes ? Ou mieux, d’avoir invité des dizaines de personnes à se faire tuer sur la route ?

Fly savait qu’elle était agressive et que cette dernière phrase était méchante, mais il fallait vraiment qu’elle montre que Taïma ne lui faisait absolument pas peur et que son comportement était totalement puéril.

– Désolée pour mon comportement en général, dit Taïma, on est vraiment parties sur de mauvaises bases. Tu sembles vouloir rester quelque temps dans les parages et comme nous avons des amis communs, je me disais que ce serait peut-être pas mal de repartir de zéro ? Alors salut, moi c’est Taïma, je suis prisonnière de l’île de Skyde depuis 20 ans.

Elle semblait sincère avec cette main tendue et ce petit sourire mais c’était difficile de jauger l’expression d’un visage quand celui-ci est à moitié caché par ses cheveux. Après réflexion, Fly décida de lui laisser le bénéfice du doute car après tout, elle n’avait pas été des plus agréables non plus. Elle lui serra la main en retour.

– Moi c’est Fly, 21ans, exilée de Seattle.

Les deux jeunes femmes discutèrent un petit moment, Fly apprit notamment que Taïma n’était pas seulement la reine de la fête mais aussi serveuse dans le seul bar restaurant de l’île : « Le Bison ». Il était agréable d’avoir une conversation normale, sans conflit. Fly parvint à se détendre un peu et décida d’aller préparer quelque chose à manger pour la maisonnée. Du coin de l’œil, elle vit que Taïma s’était rapprochée d’Amarok, ils semblaient être en grande conversation et ce dernier avait le sourire Colgate. Tant mieux, pensa t- elle, au moins un que Lucy arrêterait peut être d’essayer de me jeter dans les bras ! Satisfaite, elle continua sa route et en entrant dans la cuisine, elle buta sur un torse qui en sortait.

– Oups, pardon !

Fly leva les yeux et sombra dans le regard ensorcelant de Lonan. Il était décidément très beau garçon et c’était très dur pour elle de détourner les yeux de lui. Mais elle le devait parce que son cœur ne pourrait pas supporter une nouvelle cassure et quelque chose lui disait que Lonan ne pourrait que lui briser son palpitant. 

– Pas grave mais tu devrais regarder devant toi quand tu marches, je ne serai pas toujours là pour te rattraper !

Avec un clin d’œil pour au revoir, il la contourna et la laissa là comme une idiote. Décidément ça devenait vraiment coutumier cette façon de se comporter comme un mufle arrogant quand il était en sa présence. Elle commençait à se demander ce qu’elle lui avait fait, à moins qu’il soit juste un con par habitude. Avec un haussement d’épaules, elle continua sa route et se mit à fouiner dans la cuisine cherchant quoi faire à manger. Elle devait impérativement faire deux courses, à part des pâtes, rien ne convenait pour autant de personnes !! Tant pis, ce sera des pâtes au beurre pour tout le monde !

Le repas se déroula dans la bonne humeur et même s’il n’était pas gastronomique, tout le monde mangea à sa faim. Quelques heures plus tard, ils se répartirent les chambres et heureusement la maison était assez grande pour contenir tout le monde. Seuls Lonan et Ian partageraient leur couche mais au vu de leurs regards langoureux et des gestes éloquents, il était clair que Ian partagerait plus le lit de Lucy que celui de son ami. Bah, ils sont adultes après tout, relativisa Fly. Sur ce point là, Lucy était vraiment son opposé, elle n’avait aucunement besoin d’être amoureuse pour s’envoyer en l’air avec un homme. C’était le seul sujet, sur lequel, elles n’arrivaient pas à se mettre d’accord et bon nombre de disputes avaient éclaté auparavant, aussi, désormais elles n’en parlaient plus mais ça n’empêchait pas Fly de ronger son frein pour autant. Elles ont toujours été très protectrices l’une envers l’autre, Jeremy était le dernier à en avoir fait les frais d’ailleurs. Elle secoua la tête pour chasser celui qui ne devait surtout pas entrer dans ses pensées et se dirigea d’un pas lourd vers sa chambre. Elle était rompue de fatigue et savait qu’elle ne ferait pas long feu. Après un passage rapide à la salle de bain, elle se blottit sous les couettes et s’endormit quelques secondes plus tard.

Tout était coloré, je passais d’un paysage à un autre avec le sourire aux lèvres. J’avais la sensation d’être un oiseau survolant la terre, se laissant bercer par la douce euphorie du moment. Je savais que je rêvais mais c’était tellement revigorant de pouvoir se laisser aller sans avoir à se soucier de quoi que ce soit. Tantôt l’air froid de la montagne me coupait le souffle, tantôt la chaleur du soleil qui se réverbérait sur l’eau turquoise, me réchauffait. Mais bon sang que j’étais bien ! Plus de Jeremy, plus d’attirance pour Lonan, j’étais enfin libr…

ARRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHH

Mais que se passe t-il ? Où suis-je ? Pourquoi fait-il si noir tout à coup ?

Des mains sur mes hanches nues, un souffle sur ma nuque, des baisers dans mon cou. Quoi, mais attendez une seconde, nue ? Comment pouvais-je être nue ? Il y a une seconde je volais et surtout je n’étais sûrement pas nue. J’ouvris brusquement les yeux et ne reconnus pas cette chambre comme étant la mienne.

– Oh, si tu savais depuis quand j’attendais ce moment, mon petit papillon !

Oh mon Dieu, je connais cette voix ! Impossible, je suis en train de rêver de Lui ! Penser à lui devait avoir changé le cour de mon rêve. Rassurée, j’étais tentée de me laisser aller sous ces caresses délicieuses, cela faisait si longtemps que l’on ne m’avait pas touchée ainsi, avec adoration. Pas depuis le début de ma relation avec Jeremy. Merde, Jeremy !

Je gémis et le jeune homme aux mains de velours se méprit sur le son qui était sortit de ma bouche. Il redoubla ses caresses et je me figeais, la magie du moment avait disparu. Je me retournais alors pour découvrir le visage de Lonan.

– Oh mon dieu mais pourquoi est-ce que je rêve de toi ?

Je me couvris le visage pour cacher le rouge qui devait sûrement colorer mon visage.

– Tu ne rêves pas ma douce, c’est moi !

M’a-t-il repris sûr de lui mais je ne l’écoutais pas et continuais mon monologue intérieur à voix haute.

– Non, vraiment, je ne dois pas rêver de toi, je ne te connais pas, on ne s’apprécie pas. Alors oui, tu es mignon et tout ça mais bon sang, c’est pas sensé arriver si vite après ce que m’a fait subir Jeremy ! Oh et puis zut c’est mon rêve après tout, je peux l’arrêter si je le veux.

Je tentai de fermer les yeux très fort mais quand je les rouvris tout était à la même place.

– Mais pourquoi ça veut pas fonctionner, allez réveille-toi bon sang !

Lonan s’était raidi à côté de moi et paraissait mécontent désormais.

– Punaise même dans mes rêves tu trouves le moyen d’être rabat-joie, il n’y a vraiment qu’avec toi que mes rêves paraissent aussi réels !

Semblant comprendre quelque chose, je le vis changer de couleur, il était désormais blanc comme un linge.

– Quoi ? Que se passe t-il ? Lonan ? Lonan ?

Fly se réveilla en sursaut, désorientée par ce rêve tellement bizarre. Le soulagement l’emportait sur l’angoisse. Merci mon Dieu, ce n’était qu’un stupide rêve ! Un bruit sourd derrière sa porte la fit sursauter, la sortant de ses pensées. Elle regarda l’heure et vit que seulement quelques minutes s’étaient écoulées depuis qu’elle s’était endormie. Elle se leva difficilement et alla ouvrir la porte pour voir ce qui se passait et elle tomba nez à nez avec… Lonan à moitié nu !

– Lonan ? Mais qu’est-ce que tu fiches derrière ma porte ?

Il paraissait furieux ! Elle voulut réfléchir à ce qu’elle avait bien encore pu faire pour énerver un autre habitant de l’île mais son attention avait été détournée par la superbe vue de son torse. Une légère toison de poils dessinait ses pectoraux délicieusement sculptés. Son rêve était encore tellement présent que sa peau se rappelait, malgré elle, les caresses qu’il lui avait procurées… Elle frissonna puis releva les yeux et comprit la raison de sa colère ! Eh merde, ce n’était pas un simple rêve !

Sandy


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