Extrait 6 - écrit par Sia

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– Taïma ! s'exclama Fly en voyant celle qui venait de frapper dégoulinante de pluie.

– Ça serait sympa de me laisser rentrer, lança l’intéressée avec agacement.

– Tu n'aimes pas la pluie ? Quel dommage, répliqua Fly. Entre ! dit-elle finalement avec pitié.

Taïma ne se lassa pas prier et pénétra dans la maison. Elle ouvrit de grands yeux en s'apercevant que la plupart de ses amis étaient ici.

– Qu'est-ce que vous faites tous là ? demanda-t-elle.

– C'est un peu compliqué, lui répondit Ian.

– C'est plutôt à toi qu'on devrait demander ça ! rétorqua Lonan en retournant s’asseoir. Ta soirée est annulée ?

– Non, mais il manquait quelques petites choses pour le buffet alors je suis passée au magasin mais en reprenant la route de la maison, je suis tombée nez à nez avec un arbre me barrant le chemin. J'ai donc voulu passer par l'autre côté mais ma chère voiture a décidé de tomber en panne. J'espérais trouver quelqu'un pour me reconduire.

– C'est raté ! Vu le temps, on est tous coincé ici, l'informa Lucy.

– Il faut absolument que je rentre. Ma soirée ne peut pas avoir lieu sans moi, s'indigna Taïma.

– Bonne marche ! se moqua Fly en retournant elle aussi s'asseoir.

– Je rêve ou tu te fous de moi ?

– Non, non tu ne...

– Quelqu'un veut boire quelque chose ? la coupa Lucy voyant la situation dégénérer.

Qu'arrivait-il à Fly ? Jamais son amie ne l'avait vue réagir ainsi. Elle qui était toujours gentille et compatissante avant sa rupture avec Jeremy. Ah celui-là si je le tenais, pensa Lucy rageuse. Elle n'avait jamais cru que ce type était fait pour Fly mais voyant que sa copine était heureuse elle ne pouvait que se résoudre à la situation. Finalement, Lucy regrettait de s'être tue. Elle aurait dû discuter avec sa coloc et lui dire le fond de sa pensée. Peut-être qu'elle n'en serait pas arrivée là, peut-être qu'elle n'aurait pas toute cette rancœur en elle. Lucy espérait secrètement que Fly redeviendrait la jeune fille enjouée qu'elle était avant. Elle se mit à croire que cela serait possible si son amie se donnait la peine d'apprendre à connaître Amarok. C'était un garçon avec la tête sur les épaules. Il était sérieux et fiable, exactement ce dont Fly avait besoin en ce moment. Et puis, il est bien fichu, pensa-t-elle discrètement.

– Lucybelle ? T'es toujours avec nous ? l'interrogea Ian.

– Oui ?! Pardon, j'avais la tête ailleurs. Taïma, tu veux une tasse de thé ?

– Je veux bien, merci.

Taïma, s'approcha du feu. Elle lança un regard mielleux à Lonan, espérant que ce dernier la rejoigne et l'aide à se réchauffer en la prenant dans ses bras mais ce dernier ne lui accordait pas le moindre regard. Il semblait captivé par la nouvelle. Mais qu'est-ce qu'elle a de plus que moi celle-là ? se demanda-t-elle intérieurement. Ses cheveux ressemblent à des baguettes, elle ne sourit jamais et je ne parle même pas de son style vestimentaire qui... qui ne ressemble à rien ! Non, décidément, Taïma se trouvait bien mieux que Fly et surtout bien mieux assorti à Lonan. Elle se mit à réfléchir à un plan pour que le garçon lui accorde enfin l'attention qu'elle méritait. Elle se mit à feindre des frissons en s'enveloppant de ses bras.

– Ce que je peux avoir froid, trempée ainsi, finit-elle par s'exclamer.

Lonan lui jeta un rapide coup d'œil avant de regarder à nouveau Fly qui se levait. La jeune fille quitta la pièce et monta à l'étage sans rien dire.

– Tiens ! dit-elle en lançant une serviette à Taïma une fois de retour dans la pièce.

La jeune fille ne vit pas la serviette venir. Celle-ci la frappa en pleine poitrine avant de tomber à ses pieds. Taïma lança un regard sombre de reproches à Fly et ramassa la serviette. Furieuse, elle se sécha les cheveux pour qu'ils arrêtent de lui goutter sur les épaules puis se frictionna avec.

– Tu pourrais au moins remercier Fly pour la serviette, la foudroya Lonan.

Ses paroles furent pires qu'une gifle pour Taïma. Il prenait la défense de celle qu'elle considérait déjà comme son ennemie. Comment osait-il ? Elle leva les yeux sur lui et alors qu'elle comptait lui offrir son regard le plus noir, elle se ravisa devant la froideur de celui du jeune homme. Elle n'eut pas d'autre solution que de plier.

– Merci, cracha-t-elle.

Fly lui adressa un simple signe de tête. Elle était plus surprise de l'attitude glaciale de Lonan que par celle de la jeune fille qui n'avait jamais caché le fait qu'elle ne l'aimait pas.

L'atmosphère était chargée d'électricité négative.

Lucy tendit la tasse qu'elle venait de préparer à la nouvelle arrivée et lui proposa de s’asseoir à sa place alors qu'elle prenait place sur les genoux de son voisin. Ian lui enlaça la taille de son bras et afficha un grand sourire en remerciant silencieusement Taïma de sa présence. Cette dernière prit place et baissa les yeux sur sa boisson chaude tout en sentant le regard accusateur de Lonan toujours posé sur elle. Jamais il n'a été aussi en colère contre moi, pensa-t-elle. Qu'est-ce que je vais pouvoir faire pour qu'il me pardonne ?

– Puisque nous sommes là pour la nuit, autant s'occuper non ? lança Ian.

– Oui tu as raison, le suivit Lucy.

– Qu'est-ce que tu proposes ? demanda Amarok.

– Vous ne le savez pas mais Fly est une violoniste hors paire.

– Vraiment, petit papillon ?

– Il parait !

– Tu nous fais écouter ça ? lui demanda Lonan qui avait retrouvé son sourire espiègle.

– Impossible ! Je n'ai pas...

– Je vais chercher ton instrument, ne bouge pas, la coupa Lucy en se levant et en courant dans la chambre que son amie occupait.

Cinq minutes plus tard, la maison était bercée par la lueur des flammes de la cheminée et par les sons mélancoliques qui s'échappaient du violon de Fly. La jeune fille avait décidé de jouer son morceau favori : « Song from a secret garden », une musique pleine d'émotions et de tristesse mais tellement belle. Quand elle eut terminée son morceau, seul le silence se fit entendre. Personne n'osa parler. Lonan se leva, et de son pouce, essuya la larme qui coulait sur la joue de Fly. Elle lui adressa un sourire timide tout en se perdant dans son regard.

La jeune fille remarqua qu'il semblait presque qu'aussi touché qu'elle par sa musique. Durant un instant, ils furent seul, oubliant leurs amis non loin. Il n'y avait plus qu'eux !

– Où sont les toilettes ? demanda Taîma afin de rompre le silence et par la même occasion l'instant privilégié entre Lonan et Fly.

– C'est la porte en dessous des escaliers, lui répondit Lucy.

Elle se leva, fit mine de trébucher contre le pied de Fly, qui lui adressa un regard mi-surpris, mi-agacé avant de ranger son violon dans son étui.

Seule dans la salle de bain où se trouvaient également les toilettes, Taïma regarda sa montre. Il était à peine 21 heures. À cette heure-ci, ses premiers invités devraient être en train d'arriver. Au lieu de rentrer et de s'amuser, ses amis allaient se retrouver nez à nez à une porte fermée. Cela risquait de ruiner sa réputation. La jeune fille était énervée d'être coincée dans la maison des Fabres au lieu de s'éclater. Il fallait qu'elle fasse quelque chose.

Elle sélectionna tout son répertoire à l'exception de ceux qui était déjà présent dans la maison et envoya un message groupé.

Quand elle sortit de la petite pièce, Taïma affichait un sourire malicieux. Elle venait d'inviter tout le monde chez Lucy.

– Pourquoi souris-tu ainsi ? la questionna Ian.

– Tu ne vas pas tarder à le savoir, lui répondit-elle simplement.

– Taïma ! la reprit Lonan. Qu'est-ce que tu as encore inventé ?

– Rien ! Je me suis juste dis que si je ne pouvais pas aller à ma fête, c'est elle qui allait venir à moi.

– Quoi ?! s'exclama Fly, outrée de l'affront de Taïma.

– J'ai envoyé un message à tout le monde pour les prévenir que la fête avait lieu ici finalement. De toute façon, on avait rien d'autre à faire ici.

– Tu aurais pu demander avant !

– Arrête de lui crier dessus Lonan, intervint Amarok. Elle a fait une bêtise mais ce n'est pas la mort.

– Pas la mort ?! s'exclama Lonan. Le problème n'est pas qu'elle se soit permis d'inviter tout le monde ici même si c'est impoli ! Le problème c'est qu'en prenant la route, ils prennent tous un risque. Tu as vu le temps comme moi ! La tempête est là. 

Sia


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