Extrait 5 - écrit par Dimka

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Fly se sentit devenir aussi rouge qu’une pivoine en se rendant compte que son amie était en train de l’interroger du regard et que trois paires de yeux, dont l’une était plus sombre que le ciel dehors…

Fly fut happée par ce regard couleur « nuit sombre », il lui était impossible de détacher son regard de celui vraiment captivant d’Amarok. Mon Dieu qu’il est sexy avec ses cheveux noirs corbeau volontairement en bataille..., se dit-elle.

La voix cristalline de Lucy permit à Fly de retrouver ses esprits.

– Alloooooooo…. Fly, t’es avec nous ????

Comme si elle venait de se prendre une décharge électrique, elle lâcha aussitôt la main de Lonan et se mit à baragouiner quelques mots avant de se reprendre en main et de se redresser.

– Euh... oui, s’cusez-moi… Vous, euh... voulez boire quelque chose ? Il doit rester de l’eau dans la bouilloire… Argh, mais que je suis pathétique là..., pensa-t-elle.

Fly se mit en mouvement pour rejoindre la cuisine mais elle eut juste le temps d’entendre Lonan lui glisser à l’oreille : « T’es super mignonne quand tu rougis Butterfly ! ». Elle aurait bien voulu lui balancer une réplique mais n’eut pas le temps car Lucy glissa son bras sous le sien, la dirigea gentiment vers la cuisine et lui dit d’un ton plus que joyeux :

– Il y a un taux de testostérone un peu élevé en ce moment. Viens, allons nous préparer une bonne tasse de thé…

Il faut bien le reconnaître, la tension était montée d’un cran dans le salon. Lonan se tenait droit comme un -i- près d’Aquene qui se remettait tranquillement de son intoxication alimentaire, les poings serrés  son regard vert fixé sur le regard noir d’Amarok. Ce dernier était posté aux côtés de Ian, à l’entrée de la cuisine.

– Alors, comme ça on sort le « yäniennonh[1] » malgré le mauvais temps ? dit soudain Lonan à Ian en accentuant bien sur le mot « chien » et en utilisant le langage de ses ancêtres.

Ian fut surpris par le ton employé par son ami d’enfance. Il ne l’avait jamais vu dans un état pareil mais le plus surprenant, c’était le dégoût qu’il vit dans son regard, un dégoût vis-à-vis d’Amarok qu’il considérait, si ses souvenirs étaient bons, comme un frère.

– Putain ! Arrête de faire le con Lo’… On a eu un accident avec Lucy. La voiture a percuté un tronc d’arbre avant de finir dans le fossé. Heureusement, on était pas loin du garage et Amarok a eu la bonté de bien vouloir nous raccompagner ici. Ma voiture est morte, totalement morte…

La mâchoire serrée, Lonan marmonna quelques mots sans signification aucune, que seul lui-même pouvait comprendre, détourna son regard d’Amarok et retourna auprès d’Aquene qui s’était mise en boule auprès du feu.

Mais qu’est-ce qui m’arrive bordel… Amarok mec… Il s’agit de ton vieux pote Amarok. Celui avec qui tu as fait quasi les 400 coups… Mais bordel, ressaisis-toi nom de Dieu… Les pensées de Lonan tournaient à plein régime tant il était dépassé par la remarque qu’il venait de faire à son vieux pote de toujours…

– Alors ma chérie, comment ça se fait que le charmant Lonan soit dans notre salon à s’occuper de ta louve, hein ??? Petite cachotière.

Et c’est parti pour un interrogatoire digne des plus grands flics de l’Etat mais version Lucy Fabres ! se dit Fly tout en préparant cinq tasses et une théière ainsi que quelques petits biscuits au sirop d’érable, son pêché mignon.

– Je n’avais plus de réseau et lorsque j’ai vu que j’avais une barre, j’ai sélectionné le premier numéro de la liste en pensant qu’il s’agissait du tien et j’ai expliqué en quatrième vitesse le problème d’Aquene… Lorsque, cinq minutes plus tard, on sonna à la porte, j’ai cru que Ian et toi aviez finalement pu vous débrouiller pour arriver jusqu’ici malgré ce temps pourri et la voiture dans le fossé… Je te laisse imaginer ma surprise quand ce cher « Monsieur-je-sais-tout » est apparu sur le seuil de la porte, trempé de la tête aux pieds… On aurait dit un rat mouillé avec ses cheveux dégoulinant et ses habits trempés…, finit-elle par dire dans un petit rire quasi exagéré…

Mais Mon Dieu ce qu’il était attirant malgré tout… J’aurais voulu essuyer les grosses gouttes qui coulaient le long de son menton et la façon dont ses fossettes apparaissent lorsqu’il sourit…, se permit-elle d’ajouter en son for intérieur…

– Effectivement, j’imagine bien ta surprise en découvrant que ce n’était pas ta meilleure amie qui venait à ton secours mais un superman des temps modernes même si Lonan n’est pas du tout mon genre, on ne va pas cracher dans la soupe. Il est beau mec, tu ne trouves pas ?

– Nan… Ce n’est pas mon genre…, mentit Fly qui sentit un léger picotement dans ses joues signe annonciateur qu’elle prenait des couleurs.

– Pfffff… On ne me l’a fait pas à moi ma belle… J’ai bien vu comment tu le regardais quand on est arrivé… Du reste, que penses-tu d’Amarok ??? Il est plus à ton goût que ce cher Lo ?

Allez crache le morceau… crache le morceau… crache le morceau...,  chantonna Lucy dans sa tête car malgré ce que son amie voulait lui faire croire, elle avait bien compris que Fly n’était pas insensible au charme de Lonan ET d’Amarok

Fly était appuyée contre l’immense plan de travail de cette magnifique cuisine typiquement canadienne et surtout, typiquement cataloguée « cuisine de riche ». Elle fixait l’eau qui bouillait dans la casserole sur les plaques de cuisson dignes des plus grands restaurants. Elle était complètement perdue dans ses pensées… Oui, Lonan était mignon et elle ne restait pas insensible à son charme prédateur. Mais le plus déroutant pour elle, c’est qu’elle se sentait attirée par Amarok qu’elle n’avait jamais vu.

Il doit passer un temps fou dans une salle de gym pour avoir des muscles aussi développés pour qu’on les devine sous son t-shirt...

Fly fut tirée de ses pensées par le rire émit par Lucy…

– QUOI ? répondit-elle assez sèchement

– Rien, rien… Je te regarde juste penser et à mon avis, tu ne penses pas à arrêter l’eau du thé, dit-elle en lui désignant la casserole qui se mit à légèrement déborder.

– Oh punaise !!!!

Sous le regard amusé de Lucy, Fly se précipita pour éteindre le gaz… Voyant que sa chère colocataire se foutait clairement de sa tronche, ni une, ni deux, Fly lui balança le torchon sur la figure ce qui fit rire deux fois plus Lucy.

– Eh bien Mesdemoiselles, je vois que ça rigole bien par ici… C’est plus détendu qu’au salon.

La petite tête blonde de premier de classe de Ian apparut dans l’entrebâillement de la cuisine.

– Tu veux te joindre à nous ? répondit Lucy d’un ton plus que provocateur.

– Ah ma petite Lucybelle, ne me tente pas.

Argh… ce regard… je fonds…Lucybelle… Il me trouve belle ???

– Bon Ian, puisque tu es là, tu vas pouvoir te rendre utile, n’est-ce pas ? Tiens, prend le plateau avec les tasses et tout le toutim. T’es un amour.

Tout en lui passant le plateau, Fly crut déceler une petite pointe de jalousie dans le regard de Lucy mais elle devait se faire des idées car cette dernière savait très bien que Ian n’était pas du tout son genre.

Arrivés dans le salon, Ian déposa le plateau sur la grande table basse et Lucy se mit à faire le service.

Lonan était toujours auprès d’Aquene et s’occupait du feu qui crépitait dans la grande cheminée.

Amarok était, quant à lui, assis sur l’un des grands canapés de cuirs entourant la table basse mais faisant également face à l’immense baie vitrée d’où l’on voyait l’horizon à perte de vue et dont on devinait, au loin, un petit lac auprès duquel Fly s’était juré d’y faire un tour et éventuellement de s’y reposer avec un bon bouquin lorsque le temps serait redevenu clément.

Ian et Lucy finirent de faire le service et se posèrent côte à côte sur le canapé qui faisait face à l’immense cheminée. Fly n’avait guère le choix : elle s’assit au même endroit qu’Amarok mais tout en faisant attention de garder ses distances avec ce dernier.

– Ce temps pourri est parti pour durer au moins trois jours, soupira Ian

– Quoi ? Rho, mais qu’est-ce que vous faites en général quand il pleut comme vache qui pisse ? demanda Fly sur un ton mi-paniqué, mi-dépité.

J’ai ma petite idée Butterfly mais je ne suis pas sur que tu vas y adhérer !

– Tu penses à quelque chose en particulier Lo pour sourire comme ça… Eh bien, partage vieux !

– Ah nan désolé mec, c’était rien de très intéressant… J’te jure ! répondit Lonan avec un petit sourire en coin à Ian

– Bon c’est pas tout mais regarder la pluie tomber, ça va cinq minutes mais après…. Pffff que c’est barbant… On pourrait mettre un peu de musique, nan ?

Ça, c’était l’enthousiasme de Lucy qui prenait le dessus.

Cette fille n’est vraiment pas faite pour déprimer, c’est pas pour rien que c’est ma colloc et ma meilleure amie ! pensa Fly avec fierté. Mais d’un coup : POUF !!! Plus de lumière.

– Je voudrais pas te saper le moral ma Lulu mais là, je crois que c’est un peu râpé pour la musique…

L’immense maison était maintenant plongée dans l’obscurité. Seul le salon était illuminé grâce au feu qui crépitait dans la cheminée.

Ne panique pas…. Ne panique pas… Ne panique pas… Tu es entourée de personnes qui connaissent cet endroit… Tu n’es pas seule à la maison… Ne panique pas… Ne panique pas... Ne paaaaaa…

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh !!!! cria Fly

– Ne panique pas petit papillon… C’est juste quelqu’un qui a frappé à la porte… Peut être Michael Myers[2] qui débarque avec son masque et son couteau… Mouahahah !!!!

– Ce n’est vraiment pas drôle Lonan, répliqua Amarok. Va plutôt voir qui a frappé au lieu de raconter des conneries…

Sur ce, Lonan se leva, se dirigea tranquillement vers la porte d’entée, l’ouvrit et…

– Dieu merci, tu es là ! Je me rendais chez Kio, je roulais prudemment quand d’un coup…

– Qui est-ce ? demanda la voix lointaine de Lucy.

– Attends, je vais voir, lui répondit Fly

Se dirigeant à son tour à l’entrée pour accueillir son « invité-e surprise » et quelle surprise ce ne fut pas, lorsqu’elle vit qui était sur le seuil de la porte : Taima !

Dimka


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[1] Yäniennonh signifie chien en wendat, langage des indiens de la tribu Huron.

[2] Personnage principal des films « Halloween ».