samedi 2 février 2013

Extrait 2 - écrit par Sandy

Extrait précédent

Cela faisait déjà une heure que Fly errait sans but le long de cette petite plage. L’environnement spectaculaire qui l’entourait aurait pu la séduire pourtant son esprit était très loin de la beauté du paysage. Les mots de la grand-mère de Lonan l’avaient tout simplement retournée, qui ne l’aurait pas été à sa place ?
Il avait fallu qu’elle attende 21 ans pour savoir qu’elle avait été adoptée. Oh bien sûr, elle s’en doutait, surtout quand les parents sont blonds aux yeux bleus alors qu’elle a les cheveux auburn et les yeux noisettes, mais l’entendre était autre chose, et de quelle manière ! Cette vieille femme le lui avait carrément jeté à la figure en rajoutant par-dessus le marché qu’elle avait des sortes de « pouvoirs magiques », il fallait vraiment le voir pour le croire ! Bien évidemment, maintenant qu’elle en avait fait l’expérience directe, le doute n’était plus permis, mais quand même ! Elle devait absolument en savoir plus au plus vite, seulement pour le moment, elle devait rentrer si elle ne voulait pas risquer l’hypothermie.
Quand elle rejoignit le perron de la maison, le soleil n’était plus qu’un lointain souvenir et le froid la tétanisait littéralement, pourtant pour cette époque de l’année, ils pouvaient s’estimer heureux des 20 degrés qui les avaient réchauffés toute la journée, mais la nuit les températures étaient juste glaciales.
Une voiture était garée dans l’allée alors qu’aucune visite n’était prévue. Décidemment, elle était venue pour avoir la paix et se retrouver, mais, depuis qu’elle avait posé ses valises, elle n’avait pas pu souffler cinq minutes. C’est d’un pas lourd qu’elle passa le pas de la porte, s’attendant à retrouver Ian ou Lonan mais elle s’arrêta net.
– Qui êtes-vous ?
Son ton était sans équivoque, cette personne quelle qu’elle soit n’était pas la bienvenue, et s’il y avait une chose que Fly détestait, c’était d’être prise au dépourvue ainsi. Au son de sa voix, l’intruse sursauta et se retourna vivement puis, se détendit en la voyant. Pas le moins du monde surprise par son agressivité, cette petite blonde la regarda au contraire avec un sourire avenant.
– Je suis Marine. Je suis la gardienne du Ranch de la propriété des Beckers, la propriété la plus proche. Lucy m’a prévenue de ta venue et je me suis dit que la moindre des politesses serait de me présenter. Mais je suis désolée, je ne voulais pas te déranger ni te surprendre à cette heure-ci, je… euh… je vais partir.

Elle se sentit bête d’un coup, cette Marine avait l’air d’être adorable et tous ces événements l’avaient rendue plus qu’irritable. Et alors que Marine s’apprêtait à quitter la maison, Fly fit l’effort de la retenir :
– Non attends, c’est moi qui m’excuse, c’est que je n’ai pas l’habitude que tout le monde entre chez tout le monde comme dans un moulin.
Même si au fond d’elle, elle aurait aimé être juste seule, Fly n’était pas du genre impolie, aussi elle lui lança un sourire timide que son hôte lui rendit par un éclatant sourire Colgate. Waouh épatante cette fille, un rien la rend heureuse ! pensa t- elle avec un sourire plus franc cette fois mais elle se reprit vite, hors de question que Miss Colgate s’installe plus que nécessaire.
– Oh oui, je te comprends, pas facile d’avoir son intimité ici mais tu t’y feras vite, t’inquiète. Alors, comment tu trouves ton nouvel environnement, cela doit te changer de la ville ? lui demanda Marine avide de faire la conversation avec la nouvelle de l’île.
– Je sais pas trop, je ne suis arrivée qu’hier et pas mal d’informations me sont tombées dessus, du coup j’ai pas trop eu le temps de m’attarder sur l’environnement mais ça m’a l’air d’être magnifique.
Elle n’était pas du genre à faire la conversation mais Marine savait le faire pour deux. Ainsi elles discutèrent quelques temps, puis la petite blonde décréta qu’il était l’heure pour elle de partir, mais pas avant de lui faire promettre de l’accompagner le lendemain à la soirée de Taima. Elle était persuadée que Fly ne pouvait pas rater cette Fête. « Taima est la reine de la fête, et personne ne s’ennuie à une de ses fêtes », lui avait-elle dit.
Bien qu’elle avait pris du plaisir à discuter avec elle, il était hors de question pour Fly de pointer le bout de son nez là-bas, elle n’était franchement pas d’humeur. Il lui faudrait trouver une excuse en béton pour y échapper.

Après le dîner, elle se décida enfin à appeler sa meilleure amie mais apparemment il était trop tard, Lucy avait dû éteindre son téléphone et son répondeur prit la relève. Après lui avoir laissé un bref message, elle se dirigea vers la grande et luxueuse salle de bain, prit une bonne douche, se coucha avec une tisane et un des livres qu’elle avait entraperçu dans la bibliothèque des Fabres. Elle était loin d’être une férue de lecture mais pour tout dire n’importe quel bouquin lui était plus efficace que le plus fort des somnifères ! Et vu l’activité actuelle de son cerveau, elle avait juste besoin d’une bonne nuit de sommeil ce qui grâce au ciel, et peu importe le titre du livre, cela fonctionna comme d’habitude parce qu’elle s’endormit quelques lignes plus tard.

Elle se réveilla toute pimpante le lendemain matin avec un regain d’énergie qui lui avait manqué ces derniers temps. Et, mieux que tout, le soleil était encore de la partie aujourd’hui. Il était temps pour elle d’aller visiter les environs et de profiter de son dernier jour de repos avant la reprise du boulot. Elle ne savait pas encore combien de temps elle comptait rester mais elle savait que plus rien ne l’attendait à Seattle avant quelques mois désormais. Son patron n’avait pas apprécié qu’elle prenne des congés à sa guise et l’avait donc licenciée, mais peu importe, elle voulait juste oublier le désastre de sa vie amoureuse et l’île de Skyde avait toutes les qualités requises pour y arriver.
Alors, quand Enola lui avait proposé le travail avant de quitter l’herboristerie, elle avait accepté sans hésiter. Cette bonne femme lui donnait froid dans le dos mais elle avait besoin d’un travail, ce n’était pas avec ses maigres économies qu’elle pourrait vivre et comme disait toujours son père ou du moins celui qui l’avait élevée : « On ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche ma fille, seule les petites coupures comptent dans ce monde d’égoïstes ! »
Elle adorait son père mais elle devait avouer que sa vision « capitaliste » du monde était plutôt gênante quand elle était plus jeune, surtout à 15 ans quand on ne rêve que de dépenser l’argent de ses parents pour faire les boutiques avec ses copines. 
Mouais, comme si je savais ce que c’était alors qu’à 15 ans je n’avais pas de copines ! se dit-elle morose.  
Repenser à son père la ramener de suite aux mots de la veille femme. Qui étaient ses parents biologiques ? Pourquoi l’avaient-ils abandonnée ? Comment pouvait-elle envahir les rêves des autres et surtout en changer les desseins ? Tant de questions et pas de réponse.
Un bruit d’éclaboussures la tira de ses pensées. Aquene pataugeait dans les remous des vagues. Ses pas l’avaient conduite inconsciemment jusqu’à la petite plage qui l’avait tant apaisée la veille. À la différence, c’est qu’aujourd’hui elle n’y était plus seule. Un petit groupe de jeunes gens se tenait en rond serré, un jeune homme jouait de la guitare au centre. Ils avaient l’air envouté par les notes qui s’échappaient du doux instrument et de la voix qui l’accompagnait. Instinctivement, elle se rapprocha pour mieux entendre ce qui les passionnait tant, et pour une fois elle remercia sa curiosité, la reprise de Hallelujah de Jeff Buckley était juste à vous hérisser les poils. Elle se délecta du moment mais le cri d’une jeune femme brisa la quiétude de ce moment.
Aquene venait de lancer l’assaut et avait l’air de s’éclater à sauter sur tout le monde. Elle appela sa chienne mais les éclats de rires mêlés aux vociférations de la jeune femme couvraient sa voix, aussi elle dut se résoudre à aller chercher l’inopportune qui semait la pagaille. Les visages indistincts quelques mètres plus tôt se dessinèrent progressivement et quand elle vit qui était présent, elle s’avança en soufflant. Lonan tenait Aquene par le collier et cette dernière n’avait pas l’air très heureuse de ne plus pouvoir faire partie de la fête.
Ian se tordait de rire plus loin aux côtés de Marine, la jeune femme aux hurlements était juste furax et le guitariste paraissait juste amusé. Elle récupéra sa chienne et glissa un merci à Lonan.
Lonan s’amusait franchement de voir Taima faire des bonds partout tel un Marsupilami enragé. Miss « je suis toujours propre sur moi » était tâchée de sable mouillé et ça la rendait folle, il commençait vraiment à aimer cet animal. Il vit Fly s’approchait pour s’excuser auprès de Taima et grimaça. Taima n’était pas du genre à apprécier d’être le centre des moqueries. Et vu les éclairs qui sortaient de ses yeux à ce moment-là, Fly venait de s’en rendre compte. Alors qu’elle faisait demi-tour, il se décida à la rattraper, bien décider à la faire rester. Elle avait beau avoir un caractère à faire fuir un tigre, cette nana l’intriguait. Il se décida à la rattraper et à la taquiner un peu.
– Hey pas si vite petit papillon, tu t’en vas déjà ? On commençait à peine à s’amuser, y’avait longtemps que personne n’avait osé mettre Taima en rage comme ça !
– Je n’ai rien fait du tout et puis ne m’appelle pas comme ça !
Son ton mordant ne laissait aucune place à la discussion et pourtant il éclata de rire et leva les mains en signe de reddition oubliant le sujet Taima.
– Oh doucement, c’est ton prénom après tout !
Il avait beau vouloir faire de l’humour, Fly était loin d’être de bonne humeur et cela attisa un peu plus la colère de la jeune femme.
– Je m’appelle Fly, pas papillon ou Aponi, bref peu importe ! Lâche-moi ok ?
Mais il ne l’entendait pas de cette oreille.
– Fly, voler, voler, ailes, ailes, papillon, du pareil au même, tu penses pas ?
Il se tenait le menton et regardait le ciel comme s’il s’efforçait de réfléchir mais le petit sourire qu’il lui lança lui démontra qu’il se moquait d’elle une fois de plus. Elle ne désirait qu’une chose : c’était partir d’ici au plus vite, loin de lui surtout. Il avait l’art de la mettre en pétard et pourtant quand il était là, elle se sentait étrangement attirée par lui. Il fallait absolument qu’elle s’éloigne de lui.
– Écoute, je sais pas ce que vous êtes toi et ta grand-mère, mais je m’appelle Fly Jones, je suis née à Vancouver et je n’ai rien à voir avec vous. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas, alors fiche-moi la paix, prends tes potes avec toi et allez voir ailleurs si j’y suis ok ? Vous n’avez pas l’air de savoir ce que c’est qu’une propriété privée apparemment dans ce putain de bled !
Cette fois elle était franchement en colère, elle ne lui laissa pas le temps d’ajouter quoi que ce soit, fit demi-tour dans l’optique de le laisser planté là. Mais une poigne solide l’en empêcha, la faisant retourner si fort qu’elle se retrouva collée à son torse. Elle leva les yeux bien décidée à lui faire comprendre qu’il ne l’intimidait pas. Mais elle ne put ouvrir la bouche, son regard avait emprisonné le sien et ne voulait pas le lâcher.
À présent Lonan ne riait plus, il ne comprenait pas pourquoi elle était toujours si en colère. Quand il se rendit compte qu’il la tenait un peu trop fort, il relâcha sa prise mais il la touchait encore au cas où elle voudrait s’échapper à nouveau. Sa peau était douce et il ne résista pas à l’envie qu’il avait de lui caresser le poignet de son pouce. Il la trouvait très belle mais elle le déroutait. Il ne devait pas s’engager sur cette voie, elle ne lui apporterait que des ennuis.
Fly se sentait bête et pensait avoir franchement l’air d’une idiote à rester planter là, à le regarder fixement, ou plutôt à se noyer dans le vert de ses yeux. Son pouce brûlait sa peau, non pas d’une brûlure douloureuse mais d’une de celles qui vous fait palpiter la chose qui vous tient en vie. Non ! Elle ne devait surtout pas retomber dans ce piège, Jérémy l’avait déjà trahie, il était hors de question pour elle de céder à nouveau à un garçon. Elle se dégagea de sa main bien trop douce, décidée à lui rétorquer quelque chose mais il la devança.
– Tu ne sais rien de nous non plus et tu as plus à apprendre que n’importe qui. Ton histoire dans cette ville est plus importante que tu ne le crois. Des vies en dépendent mais tu préfères te comporter comme la peste du village ! Ma grand-mère t’attend à 8h demain, ne soit pas en retard, elle déteste ça.
Le ton de Lonan était volontairement dur, elle était certes attrayante et importante mais il n’avait pas que ça à faire et une enragée lui ferait perdre son temps. La voyant ouvrir la bouche à nouveau, il décida de lui fermer le clapet une bonne fois pour toute.
– Ah et ferme la bouche, il y a pas mal de mouches dans le coin !
Il lui fit un clin d’œil et fit demi-tour, la plantant là comme une conne. Elle n’en revenait pas, la situation s’était totalement renversée alors qu’elle menait fièrement le tenant de la conversation ! Rageuse, elle fit demi-tour à son tour et retourna d’un pas décidé à la maison, Aquene sur ses talons. Une chose était sûre, c’est qu’elle avait désormais son excuse pour la fête de ce soir.


4 commentaires:

  1. putain Sandy t'as assuré du mamelon.
    Un énorme bravo et un YMCA toute en délicatesse dans vos corps

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  2. Merci, je me suis régalée!! Hâte de voir ce que va donner la suite car plus on va avancer plus on va vraiment se plonger dans l'intrigue qui est très prometteuse!!!!

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  3. j'adore! je ne prendrais pas la suite tout de suite (par manque de temps) mais plus tard, j'ai hate :D

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  4. Carrément génial! Hâte de voir comment la relation Lonan-Fly va évolué!

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