samedi 26 janvier 2013

Prologue - écrit par Sia et Erika

       
        Lorsque Lucy avait proposé à Fly d'aller passer quelques jours dans l'ancienne maison de ses regrettés parents, la jeune femme ne s'était pas attendue à découvrir un tel petit coin de paradis.
C'était peu après sa rupture. Elle avait besoin de souffler et de trouver un moyen de passer à autres choses. Fly avait investi deux ans de sa vie dans un couple parti en fumée pour une grande blonde aux jambes interminables et à l'accent british spécialement agaçant. Elle avait donc accepté la proposition de son amie Lucy.

         C'est donc le vendredi 1er juin, après être sortie de son travail, que la jeune femme de 21 ans, prit la route dans sa bonne vieille voiture en direction de Vancouver où l'oncle de Lucy devait l'attendre pour la conduire sur l'île de Skyde.
Fly n'avait jamais entendu parler de cet endroit mais devant le tableau plus que plaisant que lui avait dressé son amie, elle ne put qu’accepter.
         Après trois heures de route, Fly arriva au point de rendez-vous. Elle se gara et descendit de son auto pour chercher un homme correspondant à la description de Lucy, grand, brun, aux yeux verts émeraude et d'une cinquantaine d'années. Fly poussa un long soupir en s’apercevant que personne ne correspondait. Elle se posta face à la mer en attendant qu'on vienne la chercher et regarda à l'horizon le soleil qui commençait déjà à décliner.

– Fly ? interrogea une voix derrière elle.
La jeune femme se retourna et fit face à un grand blond de 21 ans.
– Je suis..., commença-t-il.
– En retard ?! le coupa-t-elle. De presque une heure, se sentit-elle obligée de préciser
– J'allais dire que j'étais Ian, mais en effet, je suis en retard. Désolé. On m'a demandé de te conduire jusqu'à la maison des Fabres.
– C'est toi le fameux oncle de Lucy ? ironisa-t-elle.
– Son oncle ?! lança-t-il avec un grand sourire. Non pas vraiment, Lucy et moi étions... C'est un peu compliqué. Suis-moi.

         Ian attrapa la grosse valise de Fly dans son coffre et la conduisit jusqu'à une petite embarcation. Il lui tendit la main pour l'aider mais la jeune femme l'ignora et prit place dans le bateau. Durant la traversée, Ian lui expliqua que l'oncle de Lucy avait eu un petit accident et que s'étant tordu la cheville, il lui avait demandé de venir à sa place. Fly s'enquit de la santé de l'homme et ne parla plus de tout le trajet. Il ne leur fallut pas beaucoup de temps avant de toucher à nouveau la terre ferme.
Le jeune homme chargea les affaires de Fly et l'invita à monter dans son pick-up. Dix minutes plus tard, il était déjà reparti et la jeune femme se retrouvait dans une maison qu'elle ne connaissait pas, seule.
         Fly appela Lucy pour la prévenir qu'elle était enfin arrivée. Elle pesta une fois de plus sur le retard de Ian et tenta d'en savoir un peu plus sur ce qu'il y avait vraiment eu entre son amie et lui. Lucy parla de lui comme d'un copain mais Fly ne fut pas dupe, elle savait très bien ce qui se cachait sous ce terme. Lorsque Lucy parlait ainsi d'un homme il fallait comprendre qu'elle avait eu avec lui une aventure d'un soir. Ian et elle avaient dû prendre du bon temps lorsque Lucy avait dû venir rendre visite à ses parents. Leur relation, si on pouvait appeler ça ainsi, remontait donc à plusieurs années.
Lorsque Fly raccrocha, elle chercha de quoi faire chauffer de l'eau pour se faire un thé et sortit le paquet de gâteaux qu'elle avait apporté. Elle irait faire quelques achats dès le lendemain mais pour l'heure elle se contenterait de cela.
         Il était pratiquement minuit lorsque Fly se coucha dans la chambre que Lucy lui avait indiquée.

Sia

         Depuis que l'étrange jeune homme avait pris congé de Fly, un silence pesant régnait dans cette grande demeure à étage. Cette dernière était isolée, entourée d'un sous-bois et, à trois ou quatre cent mètres, se trouvait une plage privée. Afin de briser la tranquillité de cet endroit qui avait sérieusement commencé à l'angoisser, elle avait rapidement relié son MP3 aux baffles emportées.
         Avant de se glisser sous les draps frais, elle lança alors sa playlist favorite. Le son envoûtant de « Tainted Love » chanson reprise par Marilyn Manson, eut raison de sa fatigue et de sa lassitude...
Sa villégiature n'avait qu'un seul objectif : oublier celui qui était à l'origine d'un trou béant logeant désormais dans sa poitrine !
En serait-elle capable ? Il ne pouvait en être autrement !


     Oh mon dieu, mais que fait-il ? S'il ne remonte pas à la surface, il va se noyer cet imbécile, mais... mais... que... et d'où sort cette musique ? Ce n'est pas possible que si éloignée de la maison, j'entende cette mélodie que je n'ai même pas dans le répertoire de mon MP3... Je la déteste depuis que... depuis que Jérémy m'a embrassée pour la première fois en discothèque pendant sa diffusion ! Je ne comprends pas. Pfff...
– Eh toi... Eh oh ?! Tu m'entends ? l'interpellé-je. Toi le pénible qui a décidé de me gâcher ma... ma... nuit !!!
         Mais il fait jour pourtant ici... songé-je en mon for intérieur. Suis-je en train de rêver ? Ou est-ce que... Ah c'est bien ma veine, dès mon premier jour... première nuit... j'en sais rien... Il faut que cette chanson revienne me hanter et qu'un type que je ne connais même pas se noie devant mes yeux ! Je n'ai pas le choix, si je ne veux pas me reprocher toute ma vie sa disparition, il faut que je me jette à l'eau ! Et merde, à coup sûr demain dans les gros titres du journal local on pourra lire : « Une nouvelle habitante de l'île de Skyde, morte dès son arrivée en essayant de sauver un taré restant sous l'eau pour raison inconnue alors qu'elle ne savait même pas nager !!! ». Ah ça va faire la une, ça c'est certain !
– Aponi, cesse d'épiloguer et plonge ! C'est ainsi, plonge vers ton destin ! m'ordonne une petite voix au creux de l'oreille.
 Mais...
Suffit les balivernes, Aponi, il est temps que tu saches qui tu es ! raisonne alors dans ma tête cette même inflexion féminine à présent plus ferme.
Aponi ?! répété-je tandis que je note la vieillesse de ses intonations.
       M'apparaît alors devant les yeux une femme d'un certain âge et dont les années lui confèrent une aura majestueuse. Elle est de taille moyenne, sa longue chevelure grisonnante est attachée au niveau des épaules. Son sourire est aussi chaleureux que ses yeux sont rieurs. Elle est enveloppée d'un grand châle d'un vieux rose agrémenté de quelques bandes noires ainsi qu'ivoire et de chevaux galopant. Elle darde son regard bienveillant sur moi et m'annonce :
Aponi...
 Avec tout le respect que je vous dois Madame, l'interrompé-je, vous faîtes erreur, je m'appelle...
Fly, oui je sais, ton état civil est Fly Jones. Mais pour moi tu es et tu resteras Aponi Atironta ! Je t'expliquerai, mais pour l'heure, hâte-toi de...
– Me hâter de quoi ? l'interrogé-je, au moment où l'image de cette vieille dame s'efface et j'aperçois alors à nouveau le jeune homme sous l'eau.


      Le remix de la chanson « Sweet Dreams » de Benny Bennasi ne cesse de tourner en boucle depuis le début de cette scène troublante.
Mais comment est-ce possible de le voir à travers l'eau, évoluer parmi les poissons, alors que je n'ai que les deux mollets immergés ? me demandé-je stupidement pendant que celui qui a décidé de causer ma perte, continue son exploration sous-marine. Prise d'un élan inconsidéré, avec une grâce que je ne me connais pas, je plonge dans les vagues...
Comme si c'était tout à fait raisonnable, à trois mètres de profondeur, ma vision est aussi claire et efficiente que sous un soleil éclatant. Je me dirige sans aucune difficulté vers lui. À un mètre du téméraire, je constate avec joie la physionomie plutôt charmante du futur noyé si je n'interviens pas. Or, il ne porte rien ! Ni masque, ni tuba..., ni... maillot de bain. Il relève la tête vers moi et j''essaie de fixer mon regard sur ses yeux. Ce qui n'est pas bien difficile car ils sont incroyablement captivants ! Ils sont d'un vert amande et d'une intensité renversante, au point de ressentir une attirance immédiate pour lui. Ses cheveux bruns qui flottent au-dessus de sa tête semblent si soyeux que je n'ai qu'une envie : y enfouir mes doigts. Quant à son corps qui est juste sublime, c'est un appel au fruit défendu !
Mais qu'est-ce qui te prend Aponi de t'extasier sur mon petit fils de la sorte?! Tu es ici pour changer le cours de son rêve, pas pour apprécier ses atouts ! m’assomme la voix de la vieille femme.
Ne vais-je pas interférer dans son activité contemplative des fonds marins si je l'extraie de l'eau contre sa volonté ? m'assuré-je auprès du mirage de la veille femme qui remplace momentanément l’Apollon.
Justement mon enfant ! Telle est la raison de ta présence ici. Ton initiation commence dès maintenant. Tu dois modifier le rêve de Lo...


         Soudainement, Fly sentit une langue en train de lui lécher le visage à grands coups et, aussitôt, une voix masculine vociféra :
– Sale bête ! Tu vas réveiller notre nouvelle arrivante et je crains son humeur massacrante après ce réveil désagréable. Bonjour Fly ! s'empressa-t-il d'ajouter, un sourire narquois aux lèvres. Bien dormi ma belle ?
– Euh... je... euh... j'en sais rien à vrai dire. T'es là depuis combien de temps ? râla la jeune femme encore perturbée par son rêve.
– Bonjour à toi aussi Ian ! Comment vas-tu ce matin ? Bien, merci Fly, merci de te préoccuper de moi ! la taquina le visiteur inattendu, feignant un dialogue courtois.
– Oh, ça va, hein ! BONJOUR IAN ! s'agaça Fly. Que fais-tu ici, bon sang, à une heure si matinale ?
– Si treize heure trente passée est une heure matinale pour toi, nous n'avons pas la même conception de la matinée, mais passons ! s'amusa-t-il tout en dodelinant la tête et agitant sa main, interloqué. Je suis venu vérifier que tout allait bien pour toi et comme tu ne répondais pas à mes sollicitations, j'ai osé pénétrer dans ton domaine, tu m'en verras extrêmement désolé ma chère, se moqua-t-il d'un ton sarcastique, d'un vocabulaire excessivement pompeux et, inclina la figure mimant une révérence. Malheureusement pour toi, ce clébard que Lonan a amené avec lui, s'est échappé de la camionnette dans laquelle mon pote tape sa sieste !
– Il est presque 14 heures, tu dis ? J'ai dormi si longtemps ?! s'horrifia Fly.
– Faut croire ma belle ! ria-t-il tout en ouvrant les volets, laissant découvrir une vue resplendissante à celle qui n'avait pas encore profité des rayons solaires plaisants de l'île.
         
         La jeune femme s'extirpa à contrecœur du refuge qu'avait été ce lit si douillet pendant plus de douze heures. Et, alors qu'elle s'apprêta à enfiler son peignoir en dentelle, pour ne pas rester en nuisette courte devant Ian, le jeune imprudent de son rêve, entra à son tour dans la chambre et tous deux, aussi surpris l'un que l'autre, se dévisageant, s'écrièrent en même temps :
– Toi ?!



3 commentaires:

  1. Prologue intriguant, j'adore le caractère de Fly et le ''Toi?!'' de la fin, qui m'a arracher un petit rire! Vite, lecture du premier chapitre!

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  2. alors la, je n'ai qu'une envie, c'est de lire la suite....
    d'ailleurs j'y vais de suite

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